XXIX ème dimanche du temps ordinaire
Dimanche 17 octobre 2021
Synode 2023
Le Pape invite à devenir ensemble une «Église différente»
Ce sont les premiers pas d’un long itinéraire qui conduira à l’assemblée des évêques en 2023 à Rome. Près de 300 participants venus de quatre continents étaient présents ce 9 octobre en salle du Synode pour un temps de réflexion sur le Synode sur la synodalité. Cardinaux, évêques, prêtres, religieuses et religieux, laïcs – dont 20 jeunes -, sans oublier le Pape François : l’assistance était comme un échantillon de l’Église universelle, annonçant déjà la volonté d’impliquer tous les membres du Corps du Christ dans ce parcours commun.
Ni parlement, ni enquête d’opinion
Après la proclamation d’un extrait de la Parole de Dieu (Ap 1,9-20) et un temps de méditation, le Saint-Père s’est adressé aux participants.
Ce n’est ni un «parlement» ni «une enquête d’opinion» mais un «moment ecclésial» dont l’acteur principal est l’Esprit Saint. Les premiers mots du Souverain Pontife ont résonné comme un avertissement: «s’il n’y a pas d’Esprit, il n’y aura pas de Synode».
«Nous vivons ce Synode dans l’esprit de la prière que Jésus a adressée de tout son cœur au Père pour ses disciples : “Que tous soient un” (Jn 17, 21)», a souligné le Pape, résumant le sens de cet évènement: «Dans l’unique Peuple de Dieu, nous cheminons donc ensemble, pour faire l’expérience d’une Église qui reçoit et qui vit le don de l’unité et s’ouvre à la voix de l’Esprit».
La souffrance de fidèles mis de côté
François est ensuite revenu sur les mots clés qui font le thème de ce synode sur la synodalité : «communion, participation et mission». «La communion, c’est-à-dire la cohésion et la plénitude intérieure, dans la grâce, dans la vérité, dans la collaboration [...] et la mission, c’est-à-dire l’engagement apostolique dans le monde contemporain», a-t-il précisé, citant saint Paul VI. Mais «communion et mission risquent de rester des termes un peu abstraits si l’on ne cultive pas une pratique ecclésiale qui exprime la réalité concrète de la synodalité, à chaque étape du chemin et du travail, favorisant l'implication effective de tous et de chacun». D’où l’importance d’une «vraie participation».
Le Souverain Pontife a déploré à cet égard des difficultés persistantes, et plus généralement sur la participation de tous les baptisés à la vie de l’Église et à sa mission. «Il faut bien constater les désagréments et la souffrance de beaucoup de travailleurs pastoraux, d’organismes de participation des diocèses et des paroisses, de femmes qui sont encore souvent à la marge. Tous doivent participer : c’est un engagement ecclésial indispensable !», a déclaré François.
Plus d’interactions entre prêtres et laïcs
Dans un second temps, les risques liés au Synode ont été évoqués. D’abord le formalisme. «Il est possible de réduire le Synode à un évènement extraordinaire, mais de façade, un peu comme si l’on restait à regarder la belle façade d’une église sans jamais y mettre les pieds», a expliqué le Pape. «Une Église synodale ne tient pas seulement à sa forme mais doit aussi avoir de la substance, afin de faciliter «le dialogue et les interactions dans le Peuple de Dieu, particulièrement entre prêtres et laïcs».
«Parfois il y a une sorte d’élitisme dans l’ordre presbytéral qui le fait se séparer des laïcs, et finalement le prêtre devient le patron de la baraque», a lancé François, avant de recommander: «Cela exige de transformer certaines visions verticales, déformées et partielles de l’Eglise, du ministère presbytéral, du rôle des laïcs, des responsabilités ecclésiales, des rôles de gouvernement, et ainsi de suite».
Tenir compte de la réalité
Le second risque est celui de l’intellectualisme, «une sorte de "parler de soi", où l'on procède de manière superficielle et mondaine, pour finir par retomber dans les classifications stériles idéologiques et partisanes habituelles, et se détacher de la réalité du Peuple saint de Dieu, de la vie concrète des communautés dispersées à travers le monde».
Enfin le Saint-Père a mis en garde contre la «tentation de l’immobilisme», un véritable «venin» qui fait tomber «dans l'erreur de ne pas prendre au sérieux le temps dans lequel nous vivons» - «on a toujours fait comme ça !». Pour éviter cet écueil, il est nécessaire que le chemin synodal implique «les Églises locales dans un travail passionné et incarné ; qu’il imprime un style de communion et de participation marqué par la mission».
Une Église qui adopte le «style de Dieu»
À ces trois dangers, le Souverain Pontife a opposé trois opportunités offertes par l’itinéraire synodal, qui font de celui-ci un «temps de grâce». «La première est de s’orienter non pas occasionnellement mais structurellement vers une Église synodale : un lieu ouvert où chacun se sent chez lui et peut participer. Le Synode nous offre aussi l'opportunité de devenir une Église de l'écoute : faire une pause dans nos rythmes, réfréner nos angoisses pastorales pour s'arrêter et écouter», a détaillé le Pape, invitant à redécouvrir la prière d’adoration. Enfin, celle de bâtir une «Église de proximité», capable d’amitié, de compassion et de tendresse avec la société et le monde. C’est là le «style de Dieu».
Prière au Saint-Esprit
Mais pour surmonter les difficultés et concrétiser les occasions qui se présenteront sur le chemin du Synode, un guide est indispensable: l’Esprit Saint. «Chers frères et sœurs, que ce Synode soit habité par l'Esprit !», a demandé le Successeur de Pierre. Et François de citer le père Yves Congar, théologien dominicain, expert aux travaux du Concile Vatican II: «Il ne faut pas construire une autre Église, il faut construire une Église différente» (Vraie et fausse réforme dans l'Eglise, Milan, 1994, 1939). «C’est cela le défi», aux yeux du Pape. Et pour parvenir à «une “Église différente”, ouverte à la nouveauté que Dieu veut lui suggérer», il faut invoquer souvent l'Esprit Saint et se mettre humblement à son écoute. C’est ce qu’a fait sans tarder le Saint-Père, prononçant la prière suivante en conclusion de son discours:
«Viens, Saint-Esprit. Toi qui suscites de nouvelles langues et mets des paroles de vie sur nos lèvres, préserve-nous de devenir une Église-musée, belle mais silencieuse, avec un grand passé mais peu d'avenir. Viens parmi nous, pour que dans l'expérience synodale, nous ne nous laissions pas envahir par le désenchantement, que nous n'édulcorions pas la prophétie, que nous ne réduisions pas tout à des discussions stériles. Viens, Esprit Saint d’amour, ouvre nos cœurs à l’écoute. Viens, Esprit de sainteté, renouvelle le saint Peuple fidèle de Dieu. Viens, Esprit créateur, renouvelle la face de la terre».
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